Examen du projet de loi sur le RSA : les débats font rage !
Séance de questions au Gouvernement du 11 juillet 2023 Emmanuel Fernandes
J’ai pris la parole en hémicycle pour défendre un amendement qui vise à empêcher de conditionnaliser le RSA. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
J’en ai déjà parlé dans un article précédent : la conditionnalisation du RSA revient à faire travailler des précaires pour moins que le SMIC. C’est une forme d’obligation à travailler pour pouvoir espérer survivre et toucher 550 € par mois. Car voilà la réalité de ce avec quoi les bénéficiaires vivent : moins de deux fois moins que le seuil de pauvreté.
Cette réforme part d’un postulat erroné : si les personnes sont au RSA, c’est qu’elles n’ont pas envie de travailler. Rien n’est plus faux ! La réalité des chiffres, bien que peu reluisante, doit être regardée en face : il y a seulement 1 poste disponible pour 20 chômeurs.
Dans ce contexte, le projet du gouvernement, que l’on peut donc renommer “France Travail forcé”, contraint un bénéficiaire du RSA à trouver un travail, même s’il n’y en a pas. S’il n’en trouve pas, son RSA sera suspendu. Et s’il n’a plus d’argent pour faire le plein d’essence pour aller à un entretien d’embauche ? Tant pis pour lui.
On voit que cette logique est stupide, et c’est pourquoi le RSA doit être inconditionnel. C’est un maigre filet de sécurité indispensable dans un contexte de chômage de masse. Il faut sortir de la logique du “quand on veut, on peut”, mais plutôt partir du postulat inverse, validé par tous les sociologues : c’est quand on peut, qu’on veut !
Enfin, grâce à notre mobilisation, des amendements honteux d’Eric Ciotti et de Stéphane Viry ont pu être retirés. Ceux-ci proposaient d’aller encore plus loin, en permettant carrément aux départements de suspendre le RSA et d’imposer un délai de carence aux plus précaires ! S’opposer à cette réforme est vital pour des millions de Français, sinon, ils iront toujours plus loin sans leur haine des précaires !