La scène politique française a de nouveau rendu une bien triste image après le rejet du volet “recettes” du projet de loi de finances pour 2025. Un rejet possible grâce à une alliance de fortune entre le Rassemblement National (RN) et les députés de la majorité gouvernementale. Alors que le Nouveau Front Populaire (NFP), qui a remporté les élections législatives et était appelé à gouverner le pays, avait réussi à introduire des amendements significatifs visant à rendre le budget plus juste socialement, la coalition au pouvoir à décidé de se placer dans une démarche d’obstruction inédite, en rejetant son propre budget amendé, créant encore plus de chaos dans une situation déjà bien difficile à suivre.
Après trois semaines de débats acharnés, seuls 192 députés issus du NFP, ont soutenu le texte amendé, contre 362 votes de la droite, des macronistes et des députés RN. Le rejet a provoqué une réaction cinglante, Jean-Luc Mélenchon dénonçant à juste titre ce vote comme un acte de “macrono-lepénisme” et a souligné l’ironie de la situation : malgré des amendements visant à réduire le déficit public sous les 3 % et à instaurer une fiscalité plus juste, comme el demande l’Union Européenne, ces mesures ont été écartées par une alliance “sans précédent” entre le RN et la majorité présidentielle. Je partage pleinement cette analyse.
Car on parle bien ici d’une « coalition de la honte ». Rappelons que les macronistes ont une nouvelle fois (après 2017 et 2022) bénéficié du barrage Républicain de la gauche pour sauver leurs postes et éviter l’accession au pouvoir des fachistes de l’extrême droite. Malheureusement, ils semblent avoir bien vite oublié qu’ils s’érigeaient il y a encore peu, en “rempart à Marine Le Pen”. Ils sont au contraire devenus la béquille d’un gouvernement de droite extrême.
“La béquille du gouvernement”: la gauche reproche au RN son vote contre le budget : Budget 2025 : La « coalition de la honte » entre le RN et la majorité présidentielleCette alliance prouve à tous les sceptiques que la seule véritable opposition possible au gouvernement est celle du NFP. Ce partenariat démontre l’obsession fanatique du RN et des macronistes de protéger les plus riches en refusant des mesures de justice fiscale visant notamment les yachts, les jets privés et autres signes extérieurs de super-richesse.
De son côté, le gouvernement et les résidus de la macronie sont bien embêtés pour justifier une telle situation. C’est le cas par exemple du ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, qui a exprimé une certaine désolation de la situation, tout en saluant le rejet de ce qu’il a appelé un “matraquage fiscal”. Une preuve de plus qu’au final, selon les macronistes, il vaut mieux s’allier au RN que de chercher à combler le déficit historique qu’ils ont eux-mêmes crées pour favoriser, justement, les plus riches de ce pays.
Le gouvernement se tourne maintenant vers le Sénat, où la majorité de droite et du centre sera plus favorable à ses propositions. Mais quelles sont-elles ces propositions ? C’est assez simple : matraquer encore et toujours les bas revenus et les classes moyennes, continuer les exonérations pour les plus riches et détruire un peu plus ce qui reste du service public. Un projet mortifère qui nous mènera un peu plus dans le mur. Et si le texte ne convient toujours pas à ce gouvernement fait de bric et de broc, il pourra toujours avoir recours au 49.3 pour faire adopter le budget en force, toujours en s’appuyant sur sa béquille d’extrême droite.
Ce rejet du budget marque un tournant dans le débat politique en France. C’est la fin de la tripartition de la vie politique et le retour à un bipartisme classique, entre une gauche de progrès et de justice sociale et une union des droites, allant des ultra-libéraux macronistes aux fascistes du RN pour préserver le grand capital et les grandes fortunes.