“Bienvenue en France” : un dispositif cynique qui plonge les étudiants étrangers dans la précarité
Avec le syndicat étudiant Alternative Étudiante Strasbourg, nous dénonçons la mise en place des frais d’inscription différenciés pour les étudiants extracommunautaires à l’Université de Strasbourg, dans le cadre du programme cyniquement nommé “Bienvenue en France”. À partir de ce 9 décembre 2024, ces frais explosent, passant de 250€ à près de 4 000€, une somme exorbitante qui met des centaines d’étudiants étrangers dans des situations de précarité inacceptables.
À Strasbourg, ce sont plus de 500 étudiants qui découvrent, après leur arrivée en France, qu’ils devront payer seize fois plus que prévu pour poursuivre leurs études. Cette politique discriminatoire et injuste, frappe de plein fouet des jeunes qui avaient fait le choix de venir étudier en France, croyant à la promesse d’un enseignement ouvert et accessible.
J’ai écouté les témoignages de ces étudiantes et étudiants. Imane El Bab, étudiante marocaine, résume l’absurdité de cette situation : “S’il y avait écrit ça, je ne me serais pas inscrite !” Comme elle, beaucoup se sentent trompés, piégés par une communication défaillante qui frôle le “guet-apens”.
Cette réalité est encore plus brutale pour ceux, comme Boris Diallo Ibrahima, étudiant guinéen, qui vivent déjà avec des budgets serrés. “Comment tu peux demander à un étudiant qui a gagné 6 000 euros de payer 4 000 euros ? Comment il va vivre ?” interroge-t-il. Logement, transport, nourriture : des dépenses vitales viennent s’ajouter à ces frais démesurés, mettant en péril leur parcours universitaire et leur santé.
Cette mesure n’est pas obligatoire : de nombreuses universités avaient choisi de ne pas l’appliquer pour préserver un minimum d’équité. Alors pourquoi l’Université de Strasbourg choisit-elle d’instaurer ces droits discriminatoires, qui aggravent encore la précarité étudiante ? Alors que les universités françaises peinent déjà à répondre aux besoins de leurs étudiants, ce programme “Bienvenue en France” est en réalité un véritable racket organisé, masqué derrière des discours hypocrites d’attractivité internationale.
Nous exigeons que l’Université suspende immédiatement ces prélèvements et mette en place un plan d’exonération complet pour les étudiants concernés cette année. Étudier en France ne doit pas être un luxe réservé à quelques-uns. Le pays en a les moyens. La jeunesse internationale enrichit nos universités, nos territoires, et elle mérite mieux que d’être mise à genoux par des frais injustes et insoutenables.
Aux côtés des syndicats étudiants et des jeunes mobilisés, je continuerai à défendre un enseignement supérieur ouvert, égalitaire et accessible à toutes et tous, sans discrimination.