Agir pour les enfants sans-abri à Strasbourg
Le jour anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, je me suis rendu devant la CeA pour soutenir les enseignants qui se mobilisent pour mettre à l’abri les élèves qui dorment à la rue du collège Lezay-Marnésia. Ces situations, profondément indignes d’un pays comme la France, suscitent une vive mobilisation de la part des enseignants donc, mais également des parents et des citoyens.
Pour recontextualiser, depuis plusieurs jours, les personnels du collège occupent les locaux de leur établissement pour mettre à l’abri et interpeller les autorités sur cette situation insoutenable. Ils demandent à la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) de prendre ses responsabilités en ouvrant ses logements vacants afin d’héberger ces familles. Le message est clair : laisser des enfants dormir dehors en plein hiver est inacceptable, les institutions ont le devoir de réagir sans délai.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte de crise généralisée du logement. À Strasbourg, comme dans de nombreuses villes, les solutions d’hébergement d’urgence sont saturées et l’accès à un logement, qu’il soit public ou privé, est devenu un parcours du combattant. Pourtant, des logements vacants sont disponibles. Cette situation met en lumière une inadéquation entre les besoins des populations et la gestion des bien publiques. J’avais par ailleurs déjà appelé la Préfecture en octobre à prendre la décision de réquisitionner, avec dédommagement, les logements vacants pour mettre à l’abri les étudiants qui dorment à la rue (il y en a des dizaines).
Avec trois autres parlementaires du Bas-Rhin, dont le Sénateur Fernique, j’ai adressé un courrier au président de la CeA, Frédéric Bierry, pour lui demander que ces logements vacants soient ouverts immédiatement aux familles concernées. Il en va du respect des engagements pris par la France en ratifiant la Convention internationale des droits de l’enfant, mais également de notre humanité à tous.
Cette situation est malheureusement présente dans toute la France, les politiques de précarisation de masse de Macron font leur œuvre. Selon un rapport de l’UNICEF, des milliers d’enfants vivent dans des conditions de grande précarité, exposés aux dangers de la rue et à des privations qui compromettent leur développement physique, psychologique et scolaire. Ce nombre a explosé depuis 2017. Laisser perdurer ces situations revient à nier leur droit fondamental à un abri et à l’éducation.
Enfin, la question de la responsabilité se pose. En Frane, c’est à la Préfecture de prendre en charge les personnes sans abri. Mais en Alsace, le droit local partage ces compétences entre municipalité et état (donc Préfecture). Par ailleurs, l’enfance est du ressort du département, qui a fusionné avec la région pour former la CeA. Il est donc extrêmement compliqué de savoir qui doit agir, et chacun se renvoie la balle pour éviter de traiter la question. C’est pourquoi j’ai déposé un amendement, que je transformerai en PPL dès que l’occasion se présentera, permettant de définir avec précision qui doit agir quand ces circonstances se présentent.
Chaque jour qui passe sans solution est une atteinte supplémentaire aux droits de ces enfants et un échec collectif. À Strasbourg, à l’échelle locale comme nationale, il est urgent de rappeler que la dignité humaine ne se négocie pas. Nous continuerons à porter ce combat jusqu’à ce que ces familles trouvent enfin un toit.