Stopper la galère étudiante : une urgence sociale et politique
© Coraline Lafon
À Strasbourg, devant le bâtiment Gallia, symbole du CROUS et de la vie étudiante, j’ai eu un échange extrêmement riche avec Corentin, membre de l’AES (Association des Étudiants de Strasbourg), qui met en lumière les difficultés croissantes auxquelles font face les étudiantes et étudiants. Alors que plus de 60 000 jeunes fréquentent l’université de Strasbourg, la précarité étudiante atteint des sommets alarmants.
Une crise du logement inacceptable
Pour un logement disponible via le CROUS, quatre étudiants font une demande. Cela signifie que seulement 25 % des besoins en logement étudiant sont satisfaits, laissant près de 10000 jeunes sans solution. Quand on connait la difficulté pour trouver un logement dans le parc privé à Strasbourg, les étudiants sont alors livrés à eux-mêmes. Les loyers, gonflés par des pratiques abusives comme les Airbnb, font monter les prix des petites surfaces et rendent inaccessibles les logements aux bourses les plus modestes.
Cette situation force beaucoup d’étudiants à jongler entre études et emplois précaires, compromettant leur réussite et portant atteinte à leur santé mentale. « Étudier dans ces conditions, c’est impossible », résume Corentin.
Outre le logement, le problème s’étend à l’absence de soutien financier adapté. Les aides actuelles ne suffisent pas à couvrir les besoins de base, plongeant de nombreux jeunes dans la précarité la plus totale et, disons le, la pauvreté. L’offre publique de logements et l’accès à un revenu d’autonomie est donc un enjeu crucial pour permettre à toutes et tous d’étudier dans de bonnes conditions.
Des solutions existent pour endiguer ce problème
Face à cette situation, il n’y a pas de fatalité. Les organisations étudiantes comme l’AES et l’Union Étudiante plaident pour des mesures immédiates et structurelles. Parmi leurs propositions figurent :
- La construction massive de logements étudiants publics pour répondre à la demande.
- La régulation des loyers et des pratiques spéculatives comme Airbnb qui réduisent l’offre locative.
- L’instauration d’un revenu d’autonomie étudiant équivalent au seuil de pauvreté, soit 1 158 € par mois, pour permettre aux jeunes de vivre dignement et de se consacrer pleinement à leurs études.
Nous partageons ces revendications et nous les appliquerons dès notre accession aux responsabilités !
« Nous devons tenir bon et ne rien lâcher. Ensemble, étudiants, syndicats et élus, nous pourrons faire bouger les lignes pour que la galère étudiante cesse. »
Ce combat est celui de la dignité, il doit interpeller la société tout entière sur ses priorités. Si l’on veut bâtir un avenir meilleur, investir dans la jeunesse est une nécessité. Il est temps de passer des discours aux actes et d’apporter des réponses à une jeunesse en détresse, donner plus de moyens aux CROUS qui n’attendent que ça et enfin permettre aux étudiants de faire ce pour quoi ils sont à Strasbourg : étudier dans de bonnes conditions.