Rencontre avec des élus alsaciens sur la problématique de la gestion des forêts

Publié le 2 mai 2023, par Emmanuel Fernandes

Circonscription

Une rencontre s’est tenue le 18 mars dernier dans la vallée de la Doller (Haut-Rhin) entre le député Emmanuel Fernandes et les maires de Sickert, Bertrand Hirth et de Wegscheid, Jean-Marie Berlinger. Patrick Bangert, bûcheron retraité et spécialiste des activités forestières, Laurent Dreyfus, conseiller régional EELV et Philippe Aullen, co-secrétaire EELV Alsace, étaient également présents. La matinée a conduit les protagonistes successivement dans les forêts de Sickert puis de Wegscheid.

Cette rencontre faisait suite à une première réunion, qui s’était tenue le 24 février dernier à Mackenheim, à l’initiative de Patrick Bangert, et avait déjà rassemblé de nombreux acteurs. Dans cette première réunion, avaient été abordés des sujets importants concernant les forêts et plus particulièrement les conditions de travail difficiles des bûcherons, qui sont à l’origine, en Alsace, de la mort d’un bûcheron tous les 6 mois. Ce métier, pourtant indispensable pour protéger notre patrimoine forestier, est plus que malmené ces dernières années. Les bûcherons sont en effet poussés à une productivité toujours croissante, quand en 50 ans, on est passé de 15 000 à moins de 1 500 scieries. L’Office national des forêts (ONF) a perdu presque la moitié de ses effectifs, notamment de fonctionnaires, ces 35 dernières années : le secteur se voit soumis à une privatisation progressive.

C’est suite à cette première réunion qu’Emmanuel Fernandes a été invité à se rendre dans les forêts de Sickert et Wegscheid. Après un accueil à la mairie de Sickert par le maire Betrand Hirth puis une visite dans la forêt communale, c’est dans la forêt de Wegscheid que le maire Jean-Marie Berlinger a présenté une parcelle où 2000 arbres avaient été plantés, les jours précédents, par 163 enfants d’écoles de la vallée de la Doller. Pour être pérennes, les replantations d’arbres nécessitent 10 ans avant que la cime ne soit plus accessible à la dent du gibier, or ce dernier prolifère car le climat lui est de plus en plus favorable, il existe donc un impératif de régulation. Aujourd’hui, le revenu de la chasse, pour la commune, est plus important que celui du bois, puisque chaque année, l’entretien des forêts représente un coût de 5 à 10000 € par an. Il s’agit donc de trouver des équilibres et des synergies.

Les questions écologiques essentielles telles que la sécheresse, l’épidémie de scolytes (en creusant des galeries sous l’écorce pour y déposer leurs œufs, les femelles condamnent des arbres par milliers​​​​​​​) ou encore la protection contre les coupes rases ont ainsi été abordées. A la fin de la matinée, un verre de l’amitié a été partagé, en présence du garde forestier des forêts communales, dont le départ en retraite est prévu pour dans 6 mois, alors même que son remplacement n’est pas envisagé.

Les chiffres sont édifiants : 10 accidents du travail pour les bûcherons alsaciens depuis janvier et entre 1000 et 15000 heures d’arrêt maladie, avec une espérance de vie moyenne qui plafonne à seulement 62,5 ans (on voit à quel point la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui vise à reporter l’âge de départ en retraite à 64 ans, est particulièrement scandaleuse et inacceptable). Ce résultat est la conséquence directe de l’abandon du domaine forestier par l’État qui a imposé, par exemple, à l’Office National des Forêts (ONF) des baisses drastiques d’effectifs ces vingt dernières années, passant de 12 800 personnes en 2000 à moins de 8 000 actuellement, chargées de gérer les 11 millions d’hectares des forêts publiques françaises​​​​​​​.

La gestion de la forêt implique un retour à une approche du temps long, les cycles naturels de la forêt correspondant à plusieurs générations d’êtres humains. Dans le domaine de la gestion des forêts comme en tout domaine, il s’agit de se donner les moyens d’agir : 

Face au changement climatique qui s’accélère, il est plus que jamais nécessaire de prendre la question de la préservation de nos forêts et de la nature au sérieux. Cela passe par une volonté politique forte, qui n’est malheureusement pas à l’ordre du jour du gouvernement actuel, qui n’a pour seule boussole que le prisme des intérêts financiers.​​​​​​​

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