Quand la répression en mer menace le sauvetage des exilé·es
Le 13 juin dernier, des agents ont tiré des gaz lacrymogènes depuis un bateau de la marine nationale directement dans les eaux territoriales, là où tentaient de fuir des personnes exilées, y compris des enfants. Ce recours à la force, dans un espace où la vie devrait primer sur toute considération sécuritaire, est à la fois choquant et contraire à l’esprit de la mission de sauvetage en mer.
En interdisant l’accès à leurs embarcations ou en repoussant violemment celles des ONG, les autorités françaises s’installent dans une logique de répression qui entre en contradiction frontalement avec les conventions internationales. Or, la Convention de Hambourg sur la recherche et le sauvetage maritime (SAR) oblige tout État à porter assistance à toute personne en danger en mer, sans distinction d’origine ou de statut migratoire.
C’est pourquoi j’ai saisi le préfet maritime : comment la France entend elle concilier son devoir de protection des frontières avec son obligation de secours en mer ? Quels protocoles seront mis en place pour que l’action des forces de l’ordre n’entrave plus les opérations de sauvetage menées par les ONG et les garde-côtes eux-mêmes ?
Au-delà de cette interpellation, la France se doit de rappeler à tous ses services, qu’ils soient militaires, policiers ou civils, que le premier rôle d’un État de droit est de sauver des vies. La campagne « Recueillir, secourir, protéger » n’est pas un slogan facultatif : c’est une obligation légale et morale. La République ne peut pas tolérer que la mer devienne le théâtre de restrictions violentes. Nous attendons une réponse claire du préfet maritime et un engagement ferme de l’État pour que plus jamais la protection des exilé·es en mer ne soit mise en péril.