Les fondamentaux même de notre démocratie sont mis en cause
J’étais jeudi dernier sur l’antenne de France Bleu Alsace pour répondre aux questions des journalistes et évoquer la crise démocratique déclenchée par l’entêtement de Macron à sauver les apparences. Pour rappel :
- 2/3 des français sont toujours opposés à la retraite à 64 ans,
- 90 % des actifs sont contre cette réforme,
- Emmanuel Macron se retrouve dans tous les sondages en 3e position, sauf auprès de l’électorat des + de 65 ans.
Non seulement le Président à perdu le soutien populaire nécessaire pour gouverner, mais il gouverne contre la volonté même du peuple ! L’assemblée nationale et les députés, bien conscients de ce qui se dit en circonscription, sont prêts à aller au vote pour annuler cette réforme, voire même à provoquer la chute du gouvernement via une motion de censure, entrainant sans doute une dissolution du Parlement, quitte à remettre en jeu leurs sièges.
Dans une démocratie normale, c’est comme ça que les choses fonctionnent. Mais pas en macronie. Conscients qu’ils risquent de perdre le vote, les députés de la minorité présidentielle attaquent le droit fondamental des députés à voter la loi et à amender. Du jamais vu dans l’histoire de la Ve République !
Ce viol de la Constitution est un pas de plus franchi vers la fin de l’Etat de droit. Comme je l’indique dans l’interview de France Bleu, je considère que l’heure est grave pour la démocratie. Ces mots ne sont pas jetés par hasard, ils sont soigneusement pesés.
La France est le pays des Lumières, Lumières qui ont mis en avant certains principes, principes qui se sont ensuite propagés au monde. Parmi ceux-ci, le principe de la séparation des pouvoirs avec :
- le pouvoir exécutif, représenté aujourd’hui par Emmanuel Macron et le gouvernement,
- le pouvoir législatif, dont je suis un des représentant, et qui se voit empêché de faire son travail,
- le pouvoir judiciaire, dont les magistrats sont nommés par le Président et qui voit, réforme après réforme, son pouvoir et ses moyens diminuer.
Dans la Ve République plus qu’ailleurs, les deux contre pouvoirs que sont le législatif et le judicaire sont déjà mis à mal. Avec Macron, ils sont purement et simplement atomisés. En utilisant et abusant de tous les articles de censure, initialement imaginés à utiliser en cas d’extrême urgence comme dans le cas d’une guerre, notre république est en fin de vie. Etant profondément attaché à la démocratie, je le déplore et m’angoisse profondément de l’issue de cette dérive autoritaire. Retrouvez mon intervention sur le sujet :