Les 80 ans de la Libération : l’hommage aux Malgré-Nous et aux orphelins
En ce 80e anniversaire de la Libération de Strasbourg et d’Illkirch-Graffenstaden, les cérémonies ont ravivé la mémoire d’une époque sombre où l’histoire imposa son poids tragique à l’Alsace-Moselle. Si la fin de l’occupation nazie en 1944 symbolise la liberté retrouvée, elle rappelle aussi les sacrifices et les blessures, notamment celles des Malgré-Nous, ces Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande.
À partir de 1942, après l’annexion de fait des territoires alsacien et mosellan, les autorités nazies imposèrent l’incorporation de force à près de 130000 hommes. Placés face à un dilemme inexistant, ces Malgré-Nous furent envoyés combattre sous l’uniforme allemand, souvent sur le front de l’Est, où beaucoup trouvèrent la mort ou furent faits prisonniers par l’Armée rouge. Cette contrainte inhumaine laissa des familles endeuillées, des orphelins et des survivants traumatisés, longtemps incompris dans une France libérée où ils furent parfois injustement perçus comme des collaborateurs.
Pendant des décennies, la nation a peiné à reconnaître pleinement le sort tragique de ces incorporés de force. Ce n’est qu’au fil du temps, sous l’impulsion des associations et des descendants, que la spécificité de leur situation a été intégrée à la mémoire collective. Aujourd’hui encore, la voix des orphelins et des descendants des Malgré-Nous continue de porter la revendication d’une reconnaissance totale et unanime de leur statut de victimes de la guerre.
La journée de commémoration s’est achevée sur des hommages solennels, notamment au camp de concentration du Struthof, sinistre témoin des horreurs nazies, et au mémorial de Schirmeck, lieu dédié à la mémoire des résistants et des déportés. Ces moments de recueillement rappellent non seulement la douleur des années d’occupation mais aussi la résilience des Alsaciens et Mosellans face à des épreuves inimaginables.
Puissent les Malgré-Nous et leurs descendants entendre, enfin, cette reconnaissance profonde et légitime : ils n’avaient pas le choix, et leur sacrifice appartient à notre mémoire commune.