Commémoration au Struthof : garder vivante la mémoire des victimes
Ce dimanche 29 juin, le Mémorial de Natzweiler-Struthof a accueilli une cérémonie en hommage aux victimes du seul camp de concentration nazi édifié sur le sol français. Plus de quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, élus, anciens déportés, familles, membres des associations et chorales se sont retrouvés sous un ciel d’été limpide pour rappeler l’horrible réalité de cet endroit et réaffirmer l’impératif du devoir de mémoire.
Redonner un nom à chaque victime
Le directeur du Mémorial, Michaël Landolt, a souligné l’enjeu fondamental de la transmission des témoignages et de la restitution de l’identité des déportés au-delà de leur simple matricule. Parmi les rescapés présents figuraient Boris Pahor, Jan de Vaal, Roger Deniel et Pierre Rolinet, dont les récits ont pris encore davantage de poids devant les jeunes générations. Cette démarche vise non seulement à honorer les déportés un par un, mais aussi à prévenir la banalisation de la violence systémique qui s’exerçait ici.

La cérémonie a alterné discours et instants musicaux, quand le Chœur d’hommes d’Alsace Bossue et l’ensemble mixte Vox Lotharingiae ont interprété plusieurs hymnes porteurs de sens :
- le « Chant des marais », connu sous le titre de « Chant des déportés »,
- le « Chant des Partisans », symbole de la lutte contre l’occupant,
- la « Marseillaise », rappel de l’attachement aux valeurs républicaines,
- l’« Ode à la Joie », hymne à l’espoir et à la fraternité européenne.
Ces voix humaines ont retenti parmi les baraques et les miradors, réinjectant de l’humanité dans les lieux mêmes où elle avait été niée.
« Entretenir la flamme du souvenir »
Le général Éric Maury, représentant des forces armées, a rappelé : « Il est crucial d’entretenir la flamme du souvenir. Résistants, déportés, nos rangs s’amenuisent. C’est la voix des morts qui peuple maintenant ces lieux ». Son propos résonne comme un appel à faire perdurer la vigilance face aux extrémismes et à transmettre ce lourd héritage à venir.

Au-delà de l’hommage rendu au Struthof, la cérémonie a constitué un moment de convergence des consciences autour d’un message universel : la lutte contre les crimes de masse ne connaît pas de frontières. Que ce soit en dénonçant les horreurs passées ou en s’indignant des atteintes aux droits humains contemporaines, le devoir de mémoire doit guider l’action citoyenne et politique.
En se rassemblant chaque année au pied des baraques, nous réaffirmons que la mémoire n’est pas un fardeau, mais une protection contre l’oubli et la répétition de l’inhumanité. La France, gardienne des valeurs de liberté et d’humanité, se doit de faire vivre ce devoir de mémoire, ici au Struthof et partout où se perpètrent encore des crimes contre l’humanité.