À la découverte de la centrale hydroélectrique EDF de Strasbourg
Ce vendredi, j’ai eu le plaisir de visiter la centrale hydroélectrique d’EDF à Strasbourg, un aménagement énergétique d’exception qui alimente la ville sans émettre de CO₂. Située sur l’Île du Rohrschollen, cette installation fournit l’équivalent de 15 mois de consommation électrique de Strasbourg, grâce à une puissance installée de 150 MW et à la régulation fine de ses six turbines.
Un héritage historique et technique
Inaugurée en juillet 1970 dans le cadre du dernier grand chantier issu du Traité de Versailles, la centrale hydroélectrique de Strasbourg témoigne de l’expertise d’EDF dans l’exploitation du courant du Rhin. Construit en seulement trois ans, cet aménagement comprend non seulement un barrage et une usine de production, mais aussi deux écluses permettant le transit annuel de plus de 16000 bateaux sur l’axe Rhin–Rhône, ainsi qu’une passe à poissons de plus de 500 mètres pour préserver la migration des espèces locales depuis 2016.
Contrairement aux énergies intermittentes, l’hydroélectricité se distingue par sa capacité de modulation instantanée. Les six groupes turbines, installés en extérieur pour alléger la structure, peuvent adapter leur production en quelques minutes. Cette réactivité est cruciale pour compenser les fluctuations du réseau et garantir la stabilité électrique de l’agglomération strasbourgeoise.

Bénéfices environnementaux et sociaux
En produisant près de 800GWh par an, la centrale évite l’émission de centaines de milliers de tonnes de CO₂ par rapport à une production fossile équivalente. Elle s’inscrit aussi dans une logique de respect du milieu naturel, grâce à sa passe à poissons et à son intégration paysagère dans la réserve naturelle de l’Île du Rohrschollen. Enfin, ce site, qui est un bien public, génère des retombées économiques locales, emploie plusieurs dizaines de salariés et constitue un outil de sensibilisation grâce aux visites pédagogiques organisées chaque été.
Cette visite m’a rappelé l’urgence de préserver les infrastructures hydroélectriques du seul impératif de rentabilité financière. L’énergie est un bien commun : son pilotage, son entretien et son développement doivent rester placés sous haute responsabilité publique. Face aux enjeux climatiques et à la nécessaire indépendance énergétique, l’hydroélectricité, éprouvée et maîtrisée, mérite une attention renforcée.